polybe, histoires

 

Les Histoires sont la grande œuvre de Polybe. Seuls cinq volumes sur les quarante d’origine nous sont parvenus dans leur totalité. Les livres I à XXIX (l'expansion romaine entre 264 et 168) furent écrits à Rome pendant l'exil de l'auteur, qui y fut otage entre 167 et 149. Les livres XXX à XL (les troubles entre 168 et 146) furent écrits en Grèce après la fin de son exil, après 146.


Texte latin : Polybius. The Histories. Tome V.  Livres 16-27. Texte établi et traduit par W. R. Paton , Loeb Classical Library, N°160, 1926

Traduction française : personnelle


 Le livre XX est fragmentaire. Nous sommes au début de la guerre séleucide (guerre contre Antiochus), qui eut lieu de 192 à 188 av. J.-C., entre les Romains, alliés de Philippe V de Macédoine, et Antiochus, allié des Étoliens.

Au livre XX, Polybe nous parle d'abord de la décadence de la Béotie, du mariage d'Antiochus avec une fille de Chalcis, puis de la bataille des Thermopyles, en 191 av. J.-C., qui se solde par une victoire romaine. Héraclée Trachinienne, ville majeure de la ligue Étolienne, est prise et les Étoliens vaincus cherchent maintenant à obtenir la paix avec les Romains.

 

[20, 9] Ὅτι οἱ περὶ τὸν Φαινέαν τὸν τῶν Αἰτωλῶν στρατηγὸν μετὰ τὸ γενέσθαι τὴν Ἡράκλειαν ὑποχείριον τοῖς Ῥωμαίοις, ὁρῶντες τὸν περιεστῶτα καιρὸν τὴν Αἰτωλίαν καὶ λαμβάνοντες πρὸ ὀφθαλμῶν τὰ συμβησόμενα ταῖς ἄλλαις πόλεσιν, ἔκριναν διαπέμπεσθαι πρὸς τὸν Μάνιον ὑπὲρ ἀνοχῶν καὶ διαλύσεως. Ταῦτα δὲ διαλαβόντες ἐξαπέστειλαν Ἀρχέδαμον καὶ Πανταλέοντα καὶ Χάλεπον· οἳ συμμίξαντες τῷ στρατηγῷ τῶν Ῥωμαίων προέθεντο μὲν καὶ πλείους ποιεῖσθαι λόγους, μεσολαβηθέντες δὲ κατὰ τὴν ἔντευξιν ἐκωλύθησαν. Ὁ γὰρ Μάνιος κατὰ μὲν τὸ παρὸν οὐκ ἔφασκεν εὐκαιρεῖν, περισπώμενος ὑπὸ τῆς τῶν ἐκ τῆς Ἡρακλείας λαφύρων οἰκονομίας· δεχημέρους δὲ ποιησάμενος ἀνοχὰς ἐκπέμψειν ἔφη μετ' αὐτῶν Λεύκιον, πρὸς ὃν ἐκέλευε λέγειν ὑπὲρ ὧν ἂν δέοιντο. Γενομένων δὲ τῶν ἀνοχῶν, καὶ τοῦ Λευκίου συνελθόντος εἰς τὴν Ὑπάταν, ἐγένοντο λόγοι καὶ πλείους ὑπὲρ τῶν ἐνεστώτων.

 

[20, 9] Aussitôt après qu'Heraclée est passée sous la domination Romaine, Phaénéas, le stratège des Étoliens et ses partisans, voyant la situation dans laquelle était l'Étolie, et se représentant ce qui allait arriver aux autres villes, jugèrent bon d'envoyer une délégation à Manius (Acilius Glabrio) au sujet d'un armistice et d'une réconciliation. Cela étant dit, ils firent partir Archédamos, Pantaléos et Chalépos. L'ambassade, introduite auprès du consul romain, semblait partie pour de longues discussions, mais interrompue, on l'en empêcha au beau milieu de l'entrevue. Car Manius (Acilius Glabrio) disait qu'il n'avait pas le temps pour le moment, ayant l'esprit occupé par la distribution du butin pris à Héraclée. Leur ayant accordé une trêve de dix jours, il dit qu'il enverrai avec eux Lucius (Valerius Flaccus), à qui il les pria de parler de ce dont ils auraient besoin. Puis, pendant la trêve, en réunion à Hypata avec Lucius (Valerius Flaccus), de nombreuses discussions eurent lieu au sujet des affaires du moment.

 


Pendant les discussions, Flaccus corrige le discours des Étoliens : inutile de s'attarder sur l'ancienne alliance ou de chercher à se justifier ; ils doivent demander pardon pour leurs erreurs. Les Étoliens décident de suivre ses conseils, sans vraiment en comprendre les implications, et retournent auprès du consul, qui dicte de dures conditions. Face à l'indignation des Étoliens, Manius Acilius Glabrio fait enchaîner Phaénéas et les autres ambassadeurs. Finalement, la délégation Étolienne demande encore dix jours de trêve afin de convaincre le peuple d'accepter les conditions du traité de paix.

 

[20, 10] παραγενόμενοι δ' εἰς τὴν Ὑπάταν διεσάφουν τοῖς ἀποκλήτοις τὰ γεγονότα καὶ τοὺς ῥηθέντας λόγους. Ὧν ἀκούσαντες τότε πρῶτον ἔννοιαν ἔλαβον Αἰτωλοὶ τῆς αὑτῶν ἀγνοίας καὶ τῆς ἐπιφερομένης αὐτοῖς ἀνάγκης. Διὸ γράφειν ἔδοξεν εἰς τὰς πόλεις καὶ συγκαλεῖν τοὺς Αἰτωλοὺς χάριν τοῦ βουλεύσασθαι περὶ τῶν προσταττομένων. Διαδοθείσης δὲ τῆς φήμης ὑπὲρ τῶν ἀπηντημένων τοῖς περὶ τὸν Φαινέαν, οὕτως ἀπεθηριώθη τὸ πλῆθος ὥστ' οὐδ' ἀπαντᾶν οὐδεὶς ἐπεβάλετο πρὸς τὸ διαβούλιον.

 

[20, 10] De retour à Hypata, ils firent savoir aux apoclètes* ce qui s'était passé et ce qui s'était dit. En entendant cela, les Étoliens saisirent pour la première fois leur méprise et le statut qu'on leur imposait. Par la suite, on décida d'écrire aux cités et de convoquer les Étoliens pour se consulter à propos de ce qui avait été ordonné. Mais la rumeur au sujet de ce qui était arrivé à Phaénéas et ses collègues s'étant répandue, la foule s'excita sauvagement, si bien que personne ne se présenta pour les délibérations.

 

 


* A propos des apoclètes :

 

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Une institution Etolienne : le conseil des apoclètes
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Tite-Live revient un peu en arrière : tandis que Phaénéas conduisait sa délégation auprès du consul Romain, Nicandre, un autre personnage important chez les Étoliens, s'était rendu à la cour du roi Antiochus, pour lui demander de l'aide, une mission couronnée de succès, contrairement à celle de son collègue. Sur le chemin d'Hypata, Nicandre fait une rencontre qui va changer le cours de sa vie.

 

[20, 11] (…) Παρεγενήθη μὲν γὰρ ἐκ τῆς Ἐφέσου δωδεκαταῖος εἰς τὰ Φάλαρα πάλιν, ἀφ' ἧς ὥρμηθ' ἡμέρας· καταλαβὼν δὲ τοὺς Ῥωμαίους ἔτι περὶ τὴν Ἡράκλειαν, τοὺς <δὲ> Μακεδόνας ἀφεστῶτας μὲν ἀπὸ τῆς Λαμίας, οὐ μακρὰν δὲ στρατοπεδεύοντας τῆς πόλεως, τὰ μὲν χρήματ' εἰς τὴν Λαμίαν διεκόμισε παραδόξως, αὐτὸς δὲ τῆς νυκτὸς ἐπεβάλετο κατὰ τὸν μεταξὺ τόπον τῶν στρατοπέδων διαπεσεῖν εἰς τὴν Ὑπάταν.

 

[20, 11] (…) En effet, il (Nicandre) était de retour, d'Ephèse à Phalara, au douzième jour, à compter de son départ ; trouvant alors les Romains autour d'Héraclée, et les Macédoniens à distance de Lamia, mais campant non loin de la ville, il réussit, d'une manière extraordinaire, à faire parvenir de l'argent à Lamia, et lui-même s'élança de nuit vers Hypata, traversant l'espace entre les deux armées.

 


Malheureusement, Nicandre tombe aux mains des soldats de Philippe, qui, à sa grande surprise, le reçoit amicalement à sa table. Le roi, après avoir blâmé les Étoliens de leurs erreurs passées, fait part à son hôte de son désir de retrouver leur amitié.

 

[20, 11] (…) Ταῦτα μὲν οὖν παρῄνει τοῖς προεστῶσι τῶν Αἰτωλῶν ἀναγγέλλειν· αὐτὸν δὲ τὸν Νίκανδρον παρακαλέσας μνημονεύειν τῆς εἰς αὐτὸν γεγενημένης εὐεργεσίας ἐξέπεμπε μετὰ προπομπῆς ἱκανῆς, παραγγείλας τοῖς ἐπὶ τούτῳ τεταγμένοις ἀσφαλῶς εἰς τὴν Ὑπάταν αὐτὸν ἀποκαταστῆσαι. Ὁ δὲ Νίκανδρος, τελέως ἀνελπίστου καὶ παραδόξου φανείσης αὐτῷ τῆς ἀπαντήσεως, τότε μὲν ἀνεκομίσθη πρὸς τοὺς οἰκείους, κατὰ δὲ τὸν ἑξῆς χρόνον ἀπὸ ταύτης τῆς συστάσεως εὔνους ὢν διετέλει τῇ Μακεδόνων οἰκίᾳ.

 

[20, 11] (…) Il (Philippe) l'exhorta donc à faire part à son retour de cela aux autorités Étoliennes ; et après avoir prié Nicandre lui-même de se souvenir de la clémence dont il avait fait preuve à son égard, il le renvoya avec une escorte suffisante, ordonnant à ceux qui avaient été assigné à cela de le raccompagner en sécurité jusqu'à Hypata. Et Nicandre, pour qui l'entrevue avait pris un tour totalement inattendu, fut ensuite ramené auprès des siens, et resta toujours par la suite de cette rencontre dévoué à la famille royale de Macédoine.

 


Le trajet de Nicandre, de Phalara à Hypata (carte provenant du "Digital Atlas of the Roman Empire")
Le trajet de Nicandre, de Phalara à Hypata (carte provenant du "Digital Atlas of the Roman Empire")

Livre xxi

 

Polybe commence par parler de trois ambassades à Rome : les Lacédémoniens, les Étoliens, – à qui le sénat impose de sévères conditions de paix (automne 191av. J.-C.) –, et Philippe. Il revient ensuite sur la Grèce où la situation s'est encore détériorée pour les Étoliens, Manius Acilius Glabrio ayant réussi à s'emparer d'Amphissa. Les passages racontant le siège inachevé de Naupacte, la prise de Lamia et celle d'Amphissa, sont perdus chez Polybe (on en connait le détail grâce à Tite-Live).

 

[21, 4] Ὅτι πολιορκουμένων τῶν Ἀμφισσέων ὑπὸ Μανίου τοῦ Ῥωμαίων στρατηγοῦ, κατὰ τὸν καιρὸν τοῦτον ὁ τῶν Ἀθηναίων δῆμος, πυνθανόμενος τήν τε τῶν Ἀμφισσέων ταλαιπωρίαν καὶ τὴν τοῦ Ποπλίου παρουσίαν, ἐξαπέστειλε πρεσβευτὰς τοὺς περὶ τὸν Ἐχέδημον, ἐντειλάμενος ἅμα μὲν ἀσπάσασθαι τοὺς περὶ τὸν Λεύκιον καὶ Πόπλιον, ἅμα δὲ καταπειράζειν τῆς πρὸς Αἰτωλοὺς διαλύσεως. Ὧν παραγενομένων ἀσμένως ἀποδεξάμενος ὁ Πόπλιος ἐφιλανθρώπει τοὺς ἄνδρας, θεωρῶν ὅτι παρέξονται χρείαν αὐτῷ πρὸς τὰς προκειμένας ἐπιβολάς. Ὁ γὰρ προειρημένος ἀνὴρ ἐβούλετο θέσθαι μὲν καλῶς τὰ κατὰ τοὺς Αἰτωλούς· εἰ δὲ μὴ συνυπακούοιεν, πάντως διειλήφει παραλιπὼν ταῦτα διαβαίνειν εἰς τὴν Ἀσίαν, σαφῶς γινώσκων διότι τὸ τέλος ἐστὶ τοῦ πολέμου καὶ τῆς ὅλης ἐπιβολῆς οὐκ ἐν τῷ χειρώσασθαι τὸ τῶν Αἰτωλῶν ἔθνος, ἀλλ' ἐν τῷ νικήσαντας τὸν Ἀντίοχον κρατῆσαι τῆς Ἀσίας. Διόπερ ἅμα τῷ μνησθῆναι τοὺς Ἀθηναίους ὑπὲρ τῆς διαλύσεως, ἑτοίμως προσδεξάμενος τοὺς λόγους ἐκέλευσε παραπλησίως πειράζειν αὐτοὺς καὶ τῶν Αἰτωλῶν. Οἱ δὲ περὶ τὸν Ἐχέδημον, προδιαπεμψάμενοι καὶ μετὰ ταῦτα πορευθέντες εἰς τὴν Ὑπάταν αὐτοί, διελέγοντο περὶ τῆς διαλύσεως τοῖς ἄρχουσι τῶν Αἰτωλῶν. Ἑτοίμως δὲ κἀκείνων συνυπακουόντων κατεστάθησαν οἱ συμμίξοντες τοῖς Ῥωμαίοις· οἳ καὶ παραγενόμενοι πρὸς τοὺς περὶ τὸν Πόπλιον, καταλαβόντες αὐτοὺς στρατοπεδεύοντας ἐν ἑξήκοντα σταδίοις ἀπὸ τῆς Ἀμφίσσης, πολλοὺς διετίθεντο λόγους, ἀναμιμνήσκοντες τῶν γεγονότων σφίσι φιλανθρώπων πρὸς Ῥωμαίους.

 

[21-4] Amphissa ayant été assiégée par le consul des Romains Manius (Acilius Glabrio), dans ces circonstances, le peuple Athénien, informé de la misère des Amphisséens et de la présence (en Grèce) de Publius (Cornelius Scipion), envoya en  ambassade Echédèmos*, avec pour ordre à la fois de présenter ses respects à Lucius (Cornelius Scipio) et Publius (Cornelius Scipion), et de tenter d'obtenir un armistice pour les Étoliens. A leur arrivée, Publius (Cornelius Scipion) accueillit chaleureusement les hommes, et les traita en amis, bien conscient de l’intérêt qu'ils représentaient pour lui dans ses projets futurs. En effet, ce qu'il voulait avant tout, c'était d'améliorer la situation avec les Étoliens : s'ils ne se soumettaient pas d'un commun accord, il couperait en plein milieu pour gagner l'Asie, les laissant de côté, sachant bien que l'objectif de la guerre et de toute cette entreprise ne résidait pas dans la soumission du peuple Étoliens, mais dans la domination de l'Asie à l'issue d'une victoire contre Antiochus. C'est pourquoi, dès que les Athéniens évoquèrent un armistice, il accueillit cette proposition avec enthousiasme et les encouragea à essayer d'obtenir à peu près la même chose des Étoliens. Echédèmos, après avoir envoyé une délégation en avant, se mit lui-même en route vers Hypata, et discuta de l'armistice avec les chefs Étoliens. Ceux-ci furent tout de suite d'accord, et des commissaires furent envoyés auprès des Romains ; s'étant rendus auprès de Publius, et ayant trouvé sa compagnie campée à soixante stades (= environ 11 km) d'Amphissa, ils parlèrent longuement, rappelant les services qu'ils avaient rendus aux Romains.

 


* Polybe utilise ici (et souvent dans son oeuvre) la tournure τοὺς περὶ τὸν Ἐχέδημον que je traduis simplement par "Echédèmos", mais qu'il faudrait traduire littéralement : "Echédèmos et les siens", "Echédèmos et ses compagnons". Une telle traduction est très lourde en français. Mais je vous invite à rester attentif au texte grec : il y a un aspect collectif dans cette expression qu'il est difficile de rendre en français.

 

Publius Scipion répond avec douceur aux délégués Étoliens, rappelant sa clémence passée envers les vaincus (en Espagne et en Afrique), mais reste intransigeant quant aux conditions de paix décidées au printemps par le sénat.

 

[21, 5] Οὗτοι μὲν οὖν ἐπανῄεσαν βουλευσόμενοι περὶ τῶν προειρημένων· οἱ <δὲ> περὶ τὸν Ἐχέδημον συμμίξαντες τοῖς ἀποκλήτοις ἐβουλεύοντο περὶ τῶν προειρημένων. Ἦν δὲ τῶν ἐπιταττομένων τὸ μὲν ἀδύνατον διὰ τὸ πλῆθος τῶν χρημάτων, τὸ δὲ φοβερὸν διὰ τὸ πρότερον αὐτοὺς ἀπατηθῆναι, καθ' ὃν καιρὸν ἐπινεύσαντες ὑπὲρ τῆς ἐπιτροπῆς παρὰ μικρὸν εἰς τὴν ἅλυσιν ἐνέπεσον. Διόπερ ἀπορούμενοι καὶ δυσχρηστούμενοι περὶ ταῦτα πάλιν ἐξέπεμπον τοὺς αὐτοὺς δεησομένους ἢ τῶν χρημάτων ἀφελεῖν, ἵνα δύνωνται τελεῖν, ἢ τῆς ἐπιτροπῆς ἐκτὸς ποιῆσαι τοὺς πολιτικοὺς ἄνδρας καὶ τὰς γυναῖκας. Οἳ καὶ συμμίξαντες τοῖς περὶ τὸν Πόπλιον διεσάφουν τὰ δεδογμένα. Τοῦ δὲ Λευκίου φήσαντος ἐπὶ τούτοις ἔχειν παρὰ τῆς συγκλήτου τὴν ἐξουσίαν, ἐφ' οἷς ἀρτίως εἶπεν, οὗτοι μὲν αὖθις ἐπανῆλθον, οἱ δὲ περὶ τὸν Ἐχέδημον ἐπακολουθήσαντες εἰς τὴν Ὑπάταν συνεβούλευσαν τοῖς Αἰτωλοῖς, ἐπεὶ τὰ τῆς διαλύσεως ἐμποδίζοιτο κατὰ τὸ παρόν, ἀνοχὰς αἰτησαμένους καὶ τῶν ἐνεστώτων κακῶν ὑπέρθεσιν ποιησαμένους πρεσβεύειν πρὸς τὴν σύγκλητον, κἂν μὲν ἐπιτυγχάνωσι περὶ τῶν ἀξιουμένων· εἰ δὲ μή, τοῖς καιροῖς ἐφεδρεύειν. Χείρω μὲν γὰρ ἀδύνατον γενέσθαι τῶν ὑποκειμένων τὰ περὶ σφᾶς, βελτίω γε μὴν οὐκ ἀδύνατον διὰ πολλὰς αἰτίας. Φανέντων δὲ καλῶς λέγειν τῶν περὶ τὸν Ἐχέδημον, ἔδοξε πρεσβεύειν τοῖς Αἰτωλοῖς ὑπὲρ τῶν ἀνοχῶν. Ἀφικόμενοι δὲ πρὸς τὸν Λεύκιον ἐδέοντο συγχωρηθῆναι σφίσι κατὰ τὸ παρὸν ἑξαμήνους ἀνοχάς, ἵνα πρεσβεύσωσι πρὸς τὴν σύγκλητον.

 

[21, 5] Ceux-ci (les délégués Étoliens) s'en retournèrent donc pour délibérer sur ce qui s'était dit ; tandis qu'Echédèmos s'était réuni avec les apoclètes, on délibéra sur ce qui s'était dit. Des deux conditions prescrites, l'une était impossible, à cause de l'énormité de la somme à payer, et l'autre effrayante, à cause de la tromperie dont il avait été victime auparavant : ayant accepté l'arbitrage (des Romains), il s'en était fallu de peu qu'ils ne finissent en prison. C'est pourquoi, embarrassés et incertains à ce sujet, ils envoyèrent de nouveau la même délégation (= celle des Étoliens) pour demander soit de diminuer la somme à payer, afin de pouvoir s'en acquitter, soit d'exclure de l'arbitrage les citoyens et leur femme. Les délégués, en réunion avec Publius (Cornelius Scipion), firent savoir à ce dernier ce qui avait été décidé. Mais Lucius (Cornelius Scipio) répondit qu'il tenait son pouvoir du sénat concernant les conditions dites, alors ils revinrent en arrière, et Echédèmos les ayant suivi de près, allèrent délibérer à Hypata avec les Étoliens : puisqu'ils faisaient obstacle présentement aux conditions de l'armistice, (il leur conseilla) d'envoyer une ambassade au sénat après avoir demandé un armistice et avoir démenti les mauvaises opinions établies (contre eux), et ils obtiendraient peut-être ce qu'ils réclamaient ; et sinon, qu'ils guettent une bonne occasion ! Car leur situation ne pouvait pas être pire que maintenant, et il n'était pas impossible qu'elle ne s'améliore pour quelque raison que ce soit. Echédémos leur semblant bien parler, les Étoliens décidèrent d'envoyer une ambassade à propos d'un armistice. Étant arrivés auprès de Lucius, il le prièrent de leur accorder six mois de trêve, afin d'envoyer une ambassade au sénat.

 


Manius Acilius Glabro lève ensuite le siège d'Amphissa pour remettre les armées à Publius Cornelius Scipion, et quitte la Grèce. Les Romains passent ensuite en Asie et réussissent à vaincre Antiochus. Dans la suite de des Histoires de Polybe, il n'est plus question d'Hypata, mais souvent des Étoliens qui changent de camp au gré des évènements.