Inscriptions de Delphes


On a une quarantaine d'inscriptions à Delphes mentionnant l'ethnique Ainian-. Il s'agit essentiellement de listes de la composition du Conseil Amphictionique. Quant aux inscriptions concernant plus exactement Hypata et ses citoyens, on en connait une trentaine, qui nous renseignent sur leur rôle à Delphes.

Pour en savoir plus sur les relations qu'entretenaient Hypata et Delphes, regardez ici.

  • Une statue à Delphes pour le sophiste Alexandros d'Hypata
  • Liste des theorodoques
  • Décret de proxénie de la cité de Delphes pour Lykos Kallikrateos d'Hypata
  • Moschiôn Sittura d'hypata, membre du conseil amphictionique de Delphes
  • Proxenos d'Hypata, stratège des étoliens (-183/2)
  • Agonothètes d'Hypata
  • Jugement de la querelle eubéenne à Hypata

Une statue à Delphes pour Le sophiste Alexandros d'Hypata

 

Texte grec :

Nouvelles et correspondance. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 21, 1897. pp. 148-168

Inv. n° 3215. Base en calcaire gris, haut. 0m-725, larg. 0ra-5l; épaisseur brisée. Trouvée le 26 oct. 1895 entre le mur polygonal et l'autel de Chios.

 

Inscription corrigée et analysée par J. Pouilloux : 

Pouilloux Jean. Une famille de sophistes thessaliens à Delphes au IIe s. ap. J.-C.. In: Revue des Études Grecques, tome 80, fascicule 379-383, Janvier-décembre 1967. pp. 379-384

 

Traduction française : personnelle.

 

Άμφικτύονων

     δόγματι

Τίτ(ον) Φλάβιον Άλέ-

ξανδρον τὸν σο-

φιστὴν Φλά(βιοι) Φοῖνιξ

 καὶ Φύλαξ τον πατέ-

ρα και διδάσκαλον

σύνεδρον Θεσ-

σαλῶν Ὑπαταῖ-

ον

 

Sur décret des Amphictions,

Titus Flavius Phoinix et Phylax,

à Titus Flavius Alexandre le Sophiste,

leur père et leur professeur,

membre du conseil des thessaliens,

d'Hypata.


Il s'agirait d'un ami de Plutarque (Propos de table II, 3), dont on apprend qu'il était épicurien.


Liste des theorodoques

 

Texte grec : 

Plassart André. Inscriptions de Delphes, la liste des Théorodoques. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 45, 1921. pp. 1-85.

Selon A. Plassart, l'inscription se trouve sur une grande stèle de calcaire de Saint-Élie, dont neuf des 11 fragments ont été réunis sous ses yeux en 1913 au musée de Delphes. Est-elle encore aujourd'hui dans ce musée ?

Deux passages de cette longue liste mentionne un certain Eurymache, citoyen d'Hypata.

L'inscription a été numérisée ici : BCH 45 (1921) 1

 

Traduction française : personnelle.

 

col. III
[...]

125  [ἐν Δημητρ]ιάδι Ἀριστοκράτης Ἀριστάρχου

[ἐν Λα]πειθείωι Δίων Τίμωνος

[ἐν Ὑπ]άται Εὐρύμαχος Ἀρίστωνος

[ἐν Σ]ωσθενίδι Νικέας Φαινέα

[...]

 

col. V

[...]

[ἐν Κυναίθ]αι Ἀριστο[μ]έδ[α]

5      [ἐν Πλαται]αῖς Ἵππων Ἀγά[θωνος] 
[ἐν Ὑπάτα]ι Εὐρύμαχος Ἀρ[ίστωνος]
[ἐν Κορων]είαι Μνάσων Ἀθά[νωνος]
[...]

col. III

 

[...]

 à Démétrias, Aristocratès, fils d'Aristarchos,

 à Lapeithéios, Diôn, fils de Timôn,

 à Hypata, Eurymache, fils d'Arsistôn,

 à Sôsthénis, Nikéas, fils de Phainéa,

[...]

 

col. V

[...]

à Cynaitha, Aristomèda,

à Platée, Ippôn, fils d'Agathôn,

à Hypata, Eurymache, fils d'Arsistôn,

à Coronée, Mnasôn, fils d'Athanôn,

[...]

 


 

« Trois institutions liées aux jeux permettaient de rassembler les Grecs dans une cérémonie commune et joyeuse : la panégyrie, les théores, les proxènes. La panégyrie était le rassemblement de tout le peuple à l'occasion d'une fête solennelle, et notamment de la célébration des jeux. Les théores étaient les envoyés officiels chargés d'annoncer l'ouverture des jeux ; ils étaient reçus et hébergés par des correspondants officiels nommés théorodoques – ceux qui reçoivent les théores. Les proxènes étaient les citoyens d'une cité grecque qui étaient chargés par une autre cité de s'occuper des intérêts de ses ressortissants ; la proxénie était une charge, mais aussi un honneur, le moyen, pour celui qui accordait l'hospitalité, de recevoir des avantages de la part de la cité à laquelle appartenait celui qui était reçu. »

(La joie des Jeux olympiques, André Bernand , Professeur émérite des universités)

 

Au regard des titres, A. Plassart déduit qu'il faut sous-entendre le mot théorie, groupe de citoyens de Delphes chargés d'annoncer les jeux des Pythia ou des Sotéria.

Cette inscription daterait du premier quart du IIe siècle.

Chaque partie (il y en a quatre) se développe ainsi :

« Pour la théorie se rendant dans telle région, sont théorodoques,

dans telle ville, untel,

dans telle autre, untel, ... »

Ces listes permettaient donc aux citoyens partant à l'étranger de savoir auprès de qui il pourrait être hébergés dans l'exercice de leur charge.

Dans les deux tiers des cités mentionnée, il n'y a qu'un seul théorodoque par cité, ce qui est le cas pour Hypata.

Passait par Hypata la théorie de la colonne III « envoyée en Thessalie et en Macédoine », τᾶς ἐπὶ Θεσσαλίας καὶ [Μ]ακ[εδονίαν] (col. III, v. 10). Hypata fait partie des villes ayant été ajoutées ultérieurement. La référence à Eurymache d'Hypata est répétée sur la face gauche de l'inscription (qu'A. Plassart a désigné comme étant la « colonne V »), qui semble être une liste ajoutée.

 


Décret de proxénie de la cité de Delphes pour Lykos Kallikrateos d'Hypata

 

Texte grec :

A la suite des fouilles entreprises à l'ouest du temple d'Apollon à Delphes, P. de la Coste-Messelière publie les inscriptions d'un édifice qu'il nomme "monument Étolien", une base de 9m de long environ, présentant des inscriptions Étoliennes.

Courby Fernand, La Coste-Messelière Pierre de. Monument étolien de la place de l'opisthodome à Delphes. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 50, 1926. pp. 116-117.

Il s'agit en fait de la première étape de la découverte du bâtiment connu aujourd'hui sous le nom de "portique des Étoliens".

Amélie Perrier, Le portique dit « des Étoliens » à Delphes, Pallas, 87 | 2011, 39-56.

Une des inscriptions, datée d'environ 142/1 av. J.-C., concerne un citoyen d'Hypata, Lykos Kallikrateos, à qui les Delphiens accordent toute une série de privilèges pour ses services rendus à la cité et au sanctuaire. P. de la Coste-Messelière suppose qu'il a été envoyé comme juge étranger pour régler un litige dans la cité.

Elle a été rééditée dans le corpus des inscriptions de Delphes, dont j'ai utilisé le texte.

Fouilles de Delphes, III. Épigraphie. Fasc. 4, Inscriptions de la terrasse du Temple n° 87-275. Paris, vol. 2, ed. Robert Flacelière, 1954. pp. 238-239. FD III 4:171.

 

Traduction française : personnelle

 

θεός. τύχαν ἀγαθάν.

ἄρχοντος Δάμωνος, βουλευόντων τὰν δευτέραν ἑξάμηνον Ἁγίωνος τοῦ Ἐκεφύλου, Ἀναξανδρίδα / τοῦ Αἰακίδα, Εὐκλέος τοῦ Καλλιστράτου· ἐπεὶ Ἁγίων Πολυκλείτου ἐπελθὼν ἐπὶ τὰν ἐκκλησίαν διελέγη / ὑπὲρ Λύκου τοῦ Καλλικράτεος Ὑπα[τ]αί[ου] διότι ἐκτενὴς καὶ εὔνους ὑπάρχει ποτί τε τὸ ἱερὸν καὶ τὰν / πόλιν τῶν Δελφῶν καὶ περὶ πλείστου ποιείμενος τὰν ποτὶ τοὺς θεοὺς εὐσέβειαν, αὐτοσαυτὸν εὔχρ[η]- / στον ἐμ παντὶ καιρῶι παρασκευάζων καὶ κοινᾶι τᾶι πόλει καὶ καθ’ ἰδίαν τοῖς ἐντυγχανόντοις τῶν πο- / λειτᾶν ἐν ἅ κά τις αὐτὸν παρακαλῆ<ι> συμ[ποτι]γινόμενος μετὰ πάσας προθυμίας ἐν οἷς κα τυγχάνωντι χρ[εί]- / αν ἔχοντες καὶ λέγων καὶ πράσσων [δ]ιὰ παντὸς περὶ τοῦ ἱεροῦ καὶ τᾶς πόλιος τῶν Δελφῶν, σπουδᾶς / καὶ φιλοτιμίας οὐθὲν ἐλλείπων· ἐπὶ [δ]ὲ τούτοις ἀγαθᾶι τύχαι· δεδόχθαι τᾶι πόλει τῶν Δελφῶν ἐν ἀγορ[ᾶι] / τελείωι σὺμ ψάφοις ταῖς ἐννόμοις· [ἐ]πα[ινέ]σαι Λύκον Καλλικράτεος Ὑπαταῖον ἐπί τε τᾶι προαιρέσει ἇι / ἔχων διατελεῖ ποτί τε τὸ ἱερὸν καὶ τὰν πόλιν τῶν Δελφῶν καὶ ὑπάρχειν αὐτῶι καὶ ἐκγόνοις παρὰ τᾶς πό- / λιος προξενίαν, προμαντείαν, πρ[οδικίαν], ἀσυλίαν, ἀτέλειαν πάντων, προεδρίαν ἐμ πᾶσι τοῖς ἀγώνοις οἷς / ἁ πόλις τίθητι καὶ γᾶς καὶ οἰκίας [ἔγκ]τη[σ]ιν καὶ τἆλλα τίμια ὅσα καὶ τοῖς ἄλλοις προξένοις καὶ εὐεργέταις

τᾶς πόλιος ὑπάρχει· ἀνα[γ]ρά[ψαι] δ[ὲ το]ὺς / ἄρχοντας τὸ ψάφισμα ἐν τῶι ἱερῶι τοῦ Ἀπόλλωνος ἐν τῶι ἐπι- / φανεστάτωι τόπωι.

 

Le dieu. La bonne fortune.

Sous l'archontat de Damôn, le conseil du second semestre étant composé de Agiôn Ekephylou, Anaxandrida Aiakida, Euklès Kallistratou ; attendu qu'Agiôn Polykleitou a dit devant l'assemblée, à propos de Lykos Kallikrateos d'Hypata, qu'il a contribué, avec assiduité et bienveillance, au sanctuaire et à la cité de Delphes, et qu'il a fait le plus grand cas de la piété envers les dieux, se rendant utile en toute circonstance, à la fois pour l'ensemble de la cité et, en privé, secourant des citoyens toutes les fois qu'on faisait appel à lui, avec la meilleure bonne volonté, en paroles et surtout en actes, pour le sanctuaire et la cité de Delphes, sans jamais manquer de zèle et d'émulation ; pour toutes ces raisons, à la bonne fortune, la cité de Delphes a décidé, dans une ultime assemblée, selon un vote légale, d'honorer Lykos Kallikrateos d'Hypata pour les efforts qu'il a fournis envers le sanctuaire et la cité de Delphes, et de d'accorder par la cité, à lui et à ses descendants, la proxénie, le droit de consulter l'Oracle, l'inviolabilité, l'exemption de tout impôt, le droit de préséance dans tous les concours organisés par la cité, le droit d'acquérir une terre et une maison, et tous les autres honneurs accordés aux proxènes et aux évergète de la cité ; que les archontes fassent graver ce décret à un endroit visible du sanctuaire d'Apollon.

 



Moschiôn Sittura d'hypata, membre du conseil amphictionique de Delphes

 

Cet important citoyen d'Hypata apparaît dans trois inscriptions de Delphes. Quant à leur datation, je vous renvoie à l'article de G. Colin dans : Homolle Théophile. Inscriptions de Delphes. Actes amphictioniques relatifs à la fortune du temple d'Apollon et aux limites du territoire sacré. pp. 104-173. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 27, 1903.

[θ]εοί· δόγμα Ἀμφικτιόνων.

[ἄρχοντος ἐν Δελφοῖς Ἀριστίωνος τοῦ Ἀναξαν-

[δρί]δου, μηνὸς Βουκατίου, Πυθίοις· ἔδοξεν τοῖς Ἀ[μ]-

[φικτί]οσιν τοῖς συνελθοῦσιν, ἱερομνημονούν-

[των· π]αρὰ μὲν Θεσσαλῶν Λέοντος τοῦ Κλεΐ̣ππ[ου]

[Ἀτραγίο]υ, Πολλίχου τοῦ Φρύνου Γομφέως· παρὰ δὲ

[Ἀχαιῶν Φθι]ωτῶν Μνασάρχου τοῦ Λέο[ντος Λα]ρισ[αίου],

[Λαμπρομάχο]υ τοῦ Πολίτου Μελ[ιταιέως· (...)]

 

(7 lignes détaillant les autres membres du Conseil)

 

(...)· παρὰ

[δὲ] Αἰνιάνων Μοσχίωνος τοῦ Σιττύρα καὶ Ἐχεσθέ-

[ν]ου τοῦ Ἀριστομένου Ὑπαταίων· (...)

 

(42 lignes présentant les autres membres du Conseil, les raisons du décret et les honneurs accordés à son bénéficiaire)

 

Ô Dieux ! Décret des Amphictions.

A Delphes, sous l'archontat d'Aristiôn, fils dAnaxandris,

au mois de Boukatios, au moment des jeux Pythiques ;

les Amphictions rassemblés ont pris la décision suivante ;

étaient alors hiéromnèmons (NDA : membres du Conseil amphictionique de Delphes),

pour les Thessaliens, Léôn Atragios, fils de Kleippos,

Pollichos Gomphis, fils de Phrynos ; pour

pour les Achéens de Phthiotide, Mnasarchos Larisaios, fils de Léôn,

Lampromachos Melitaiis, fils de Politos, (...)

 

(7 lignes détaillant les autres membres du Conseil)

 

(...) et pour

les Aenianes, Moschiôn, fils de Sittura et Echesthénos,

fils d'Aristoménos, citoyens d'Hypata (...)

 

(42 lignes présentant les autres membres du Conseil, les raisons du décret et les honneurs accordés à son bénéficiaire)

 


Moschiôn Sittura apparaît ici comme membre de l'Amphictionie de Delphes, assemblée de représentants des peuples avoisinants, les hiéromnèmones, qui avaient pour charge de délibérer des affaires du sanctuaire. Cette institution, disparue sous la domination de la ligue Etolienne, est rétablie par les Romains soucieux de faire revivre ce lieu sacré, tout en gardant un certain contrôle sur son conseil. Le décret date de l'archontat d'Aristôn Anaxandridou, en 130/29 av. J.-C. (Homolle, 1903) : l'Amphictionie accorde toute une série de privilèges à cinq artistes Athéniens du collège de Dionysos. Moschiôn Sittura et Echesthénos Aristoménou représentent les Aenianes au Conseil du sanctuaire. La troisième partie de l'inscription d'Athènes IG II² 1132 est la copie de ce décret.

[ἄρχοντος ἐν Δελφοῖ]ς Εὐκλείδου το[ῦ Κα]λλείδο[υ, πυλαίας μεθοπ]ωρινῆς, ἱερομνημονούντων Θετταλῶν τοῦ στρα[τη]-

[γοῦ Ἀμυνέου τ]οῦ Ὀλυμπιάδο[υ Κ]ιεριέως κ[αὶ τοῦ γ]ρ̣αμ̣[ματέ]ως τοῦ συνεδρίου Ἀρχίππου τοῦ Ἀντιγένου Κιεριέως,

[παρὰ δὲ Δελφῶν Ἀμύντ]α τοῦ Εὐδώρ[ου], Καλλιδ[άμου το]ῦ Ἀμφ[ιστρά]του, παρὰ δὲ Ἀθηναίων Ἀσκληπιάδου τοῦ Ἱκεσίου,

[παρὰ δὲ Ἀχ]αιῶ[ν Φθιω]τῶν Σιμάδα Θη[β]αίου, [Ἀρχίππου Μ]ελιται[έως], παρὰ δὲ Φωκέων Τιμάρχου τοῦ Ἀντιόχου, Ἡρακλείδου

[τοῦ Ἡρακλ]είδο[υ Φαν]ατέω<ν>, παρὰ δὲ Μ[αγνήτων Ἀλεξ]άνδρου [τ]οῦ Φιλίππου, Φίλωνος τοῦ Διοσκουρίδου Δημητριέων, πα-

[ρὰ δὲ Αἰνιάνων Μοσ]χίωνος τοῦ Σιττ[ύρα, Νικοφίλου τ]οῦ Αἰγίδος(?) Ὑπαταίων, παρὰ δὲ Μαλιέων Πυρρία τοῦ Σατύρου

 

(38 lignes présentant les autres membres du Conseil, les raisons du décret et les honneurs accordés à son bénéficiaire)

 

A Delphes, sous l'archontat

 

( ! En cours de traduction ! )


Il s'agit là encore d'un décret de l'Amphictionie de Delphes. L'affaire a été discutée sous l'archontat d'Eukleidos à Delphes, vraisemblablement lors de la réunion de l'automne 117 av. J.-C. (Homolle, 1903). On accorde à trois dramaturges Athéniens plusieurs privilèges, dont celui de la Chrysophoria, c'est à dire d'être couronné d'or. La copie du décret a été retrouvée à Athènes (IG II² 1134). Parmi les treize peuples présents au Conseil, les Aenianes sont représentés par Moschiôn Sittura, aux cotés de son collègue Nikophilos Aigidos.

Ἀμφικτίονες· v Δ[ελφῶν· Καλλίδαμος Ἀμφιστ]ρά-

[του ἱερομνήμων — — — — — — — — — — — — —, Ξενόκρι]τος Ταραντίνου, Ἀμύντας Εὐδώρου ἱερομνήμ[ων, — — — — — — — — —]ις

[— — — — — — — — —· Θεσσαλῶν Ἀμυνέας] Ὀλυμπιάδου Κιεριεὺς ὁ στρατηγὸς τῶν Θεσ[σαλῶν ἱερομνήμων, — — — — — — — — —]ος

[— — — — — — — — — — — — — — — — — —]ος Φρύνου Κιεριεύς vvv, Ἄρχιππος Ἀντιγένου Κι[εριεὺς ὁ γραμματεὺς τοῦ κοινοῦ συ]νε-

[δρίου τῶν Ἀμφικτιόνων ἱερομνήμων, Κλ]έαρχος Ἀρνίου Λαρισαῖος, Θεμιστογένης Πολλίχου [Γομφε]ύ̣ς· (...)

 

(7 lignes détaillant les autres membres du Conseil)

 

[— — — — — — — — — — — — — — — — — ἀ]πὸ Δημητριάδος· vv Αἰνιάνων v Μοσχίων Σιττύρα Ὑπαταῖος ἱερομ[νήμων, — — — — —]

[— — — — — — — — — — — — — — — — — —] Νικόφιλος Ἀγίου Ὑπαταῖος ἱερομνήμων, Τολμαῖος Θηρομάχου [— — — — — — — — —]

 

(La liste continue encore sur 10 lignes)

 

( ! En cours de traduction ! )


Cette énumération très complète du conseil Amphictionique fait partie d'un ensemble d'inscriptions gravées sur le "monument bilingue" de Delphes (de FD III 4:276 à FD III 4:283). les Aenianes sont représentés par deux hiéromnèmones citoyens d'Hypata, Moschiôn Sittura et Nikophilos Agiou, assistés chacun de deux agoratroi, dont on ne lit qu'un nom sur les quatre : Tolmaios Theromachou. Le collègue de Moschiôn, nommé ici « Agiou » est vraisemblablement le même qu'en FD III 2:69, où il apparaît sous le nom d' « Aigidos ». Il s'agit sûrement d'une erreur de gravure. La réunion, pendant laquelle le Conseil jugent plusieurs affaires délicates impliquant des citoyens de Delphes, a lieu six mois après celle de FD III 2:69, soit au printemps 116 av. J.-C. (Homolle, 1903).

 

Sur les sources littéraires et la vie de Moschiôn Sittura d'Hypata, je vous renvoie à mon article.


Proxenos d'Hypata, stratège des étoliens (-183/2)

Quand à Proxenos, Paul Jal, dans les notes complémentaires du tome XXXI de l'Histoire romaine de Tite-Live aux éditions des Belles Lettres, indique qu'il « avait sans doute été stratège en 183/182 », fait qu'il tient d'un article :

 

Piero Meloni, Perseo e la fine della monarchia Macedone, Università di Cagliari, 1953, p. 143.

 

Impossible de me procurer cet ouvrage, aujourd'hui épuisé et indisponible sur Internet. Je pense avoir cependant retrouvé l'inscription qui a permis à P. Meloni de supposer que Proxenos avait été stratège des Étoliens :

 

Inscriptiones Graecae IX,1. 2nd edn., ed. Günther Klaffenbach. Berlin 1932-1968. — Fasc. 1, Inscriptiones Aetoliae (1932), 1:179.

 

Il s'agit d'une inscription de Delphes, publiée pour la première fois en 1881 :

 

Haussoullier Bernard. Inscriptions de Delphes : décret des Étoliens au sujet des jeux Niképhoria, décret des Delphiens, décret de proxénie. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 5, 1881. pp. 372-383.

 

B. Haussoullier a trouvé la pierre en avant du portique des Athéniens. Elle comportait trois décrets, dont celui qui nous intéresse.

 

( ! En cours d'édition ! )

( ! En cours de traduction ! )


 

Aux lignes 24 à 26 de l'inscription, B. Hassoullier avait lu : άνενεγκεΐν τους άρχοντας τους άπο ταν πολίων τώι στρατα[γώ]ι [η] προξένωι έν τα Πύθια, passage qu'il traduit : « que les archontes des villes en rendent compte au stratège ou au proxène, pour l'époque des jeux Pythiens ». Dans Inscriptiones Graecae, G. Klaffenbach a reconnu lui un nom, celui de Proxenos, et corrige ainsi : ἀνενε[γκεῖ]ν τοὺς ἄρχοντας τοὺς ἀπὸ τᾶν πολίων τῶι στραταγ̣[ῶ]ι Προξένωι ἐν τὰ Πύθια, « que les archontes des villes en rendent compte au stratège Proxenos, pour l'époque des jeux Pythiens ». Je suis la leçon de G. Klaffenbach (1932), car je ne vois pas bien en quoi le statut de proxène, récompense pour les étrangers méritants, pourrait être mis sur le même plan que celui de stratège de la cité.

 

Concernant la datation de l'inscription, B. Hassoullier montre qu'elle daterait d'un peu avant 179 av. J.-C., car au début, il est dit qu'Eumène, roi de Pergame, est au comble de la grandeur, après plusieurs guerres. Le pluriel πολέμους, amène à penser aux guerres contre Prusias et Pharnace. S'il s'agit donc bien du même personnage, Proxenos aurait pu en effet être stratège vers 182 av. J.-C..

 

Sur les autres sources et la vie de Proxénos d'Hypata, je vous renvoie à mon article.

 


Agonothètes d'Hypata

L'inscription a été publié dans le Corpus inscriptionum graecarum. Vol I. Berlin 1828-1877, d'après une copie d'un autre auteur (CIG, 1717). La pierre, qui se trouvait près du temple d'Apollon, était alors déjà perdue.

Dans les années 1960, Jean Bousquet a pû en identifier 3 fragments (dont FD III, 4, 264). Il en a publié les photos et a restitué la pierre en apportant des corrections au texte du CIG dans l'article suivant.

Bousquet Jean. Inscriptions de Delphes. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 85, 1961. pp. 69-97.

Voici la version qu'il propose :

 

[ἁ πόλ]ις τῶν Δε[λ]-

[φῶν Τι.(?) Ἰ]ούλιον Ἀ̣[ρε]-

[τάφιλον Θ]εσσαλ[ὸν]

[Ὑπαταῖο]ν τὸν κ[αὶ]

[Δελφόν, ἀ]γωνοθ[ε]-

[τήσαντα Π]υθίω[ν]

[ἐνδόξως κ]ατὰ τὴν

[παλαιὰν δό]ξαν

[τοῦ ἀγῶνος], ἀρετᾶ[ς]

[ἕ]νεκα κ[αὶ εὐνοίας]

[τ]ᾶς ἐν α[ὑτὰν]

[Ἀπόλλωνι Πυθίωι].

 

La cité des Delphiens

honore Titus (ou Caius) Iulius

Arétaphilos, Thessalien,

Hypatéen et

Delphien,

qui a organisé les jeux pythiques

magnifiquement à la

manière ancestrale

des jeux, pour

le service et le soin

qu'il y a apporté.

A Apollon Pythien.

 


Une autre inscription concernant un agonothète d'Hypata a également été corrigée dans le même article de Jean Bousquet. Il s'agit de FD III 1:546b.

[τὸν δεῖνα τοῦ δεῖνος] Ὑπαταῖον

[Σεβαστῆον καὶ Δελφὸν] τὸν ἀγωνοθέτην

[τὸν Πυθίων — — — — — — —]ος ὁ γρ(αμματεὺς)  τῶν Ἀμφι-

[κτιόνων — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — —]

A Untel fils d'Untel, originaire d'Hypata

l'Auguste et Delphien, agonothète (magistrat organisateur)

des jeux pythiques, (...) le greffier des Amphictions (membres du Conseil du sanctuaire) (...).


 

On remarque l'épithète Σεβαστῆον accolé à l'ethnique Ὑπαταῖον. La cité d'Hypata avait en effet reçu cette distinction impériale dès le Ier siècle av. J.-C., pour ses bons services rendu à l'empereur pendant les guerres civiles.

Dans les deux inscriptions, on voit que les agonothètes portent un double ethnique, Hypatéen et Delphien (triple même en ce qui concerne Aretaphilos puisqu'il est aussi Thessalien ?).

Une autre inscription cite un autre agonothète d'Hypata, FD III 1:546a (sur la même pierre ?). La première édition de l'inscription est corrigée toujours par J. Bousquet qui a eu la pierre sous les yeux, en 1966.

Bousquet Jean. Inscriptions de Delphes. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 90, livraison 2, 1966. pp. 428-446.

Le nombre d'agonothètes d'Hypata (on en a recensé sept d'Hypata) est particulièrement remarquable, d'autant que comme l'a remarqué P. Sanchez, ils se concentrent entre la deuxième moitié du Ie siècle et le début du deuxième, comme s'ils en avaient l'exclusivité à cette période. Cela peut aussi être le hasard des sources et reste hypothétique (Sanchez, 2000, p.529).

 

Jugement de la querelle eubéenne à Hypata

Deux jugements sur un conflit inter-cités se sont déroulés à Hypata, selon la pratique des juges étrangers dont on avait recours pour les affaires délicates. C'est le Conseil amphictionique de Delphes qui a prescrit d'y organiser le procés devant un jurés de 31 hommes. Deux fois, Hypata donne raison à Chalcis, qui demande que lui soit réservé le siège de l'amphictionie delphique pour l'Eubée lors des années pythiques, contre Erétrie et Carystos.

Bousquet Jean. Inscriptions de Delphes, II. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 64-65, 1940. pp. 113-120

P. Sanchez a réexaminé, dans son ouvrage consacré à l'Amphictionie, les données de cette querelle. 

Pierre Sanchez, L'Amphictionie des Pyles et de Delphes : recherches sur son rôle historique, des origines au IIe siècle de notre ère, 2000

 

Reconstitution de la pierre après la découverte d'un nouveau fragment (inv. 6384) selon J. Bousquet
Reconstitution de la pierre après la découverte d'un nouveau fragment (inv. 6384) selon J. Bousquet

Je laisse de côté FD III 1, 577, un décret honorifique en l'honneur d'un macédonien à qui Delphes accorde toute une série de privilèges car il n'entre pas en relation directe avec la querelle.

 

FD III 1, 578 a été complétée en 2002 dans le Corpus des inscriptions de Delphes IV, Documents Amphictioniques

C'est cette version du texte à laquelle je vous renvoie le texte étant assez volumineux.

 

Colonne I = CID IV 122

 

Colonne II = CID IV 121