Ypati, "ville martyre"

 

Ce que nous savons de l'histoire ancienne n'est que ce que l'histoire postérieure nous a laissé. C'est ainsi que, d'une inscription du IIe siècle de notre ère, je me suis retrouvée projetée dans l'histoire tragique de la ville d'Ypati pendant la seconde guerre mondiale.

 

En 1891, deux chercheurs français (Paul Jamot et Gaston Deschamps) publient un décret des Ainianes, gravé sur un « bloc de pierre blanche devant la porte Sud » de l'Eglise Hagios Georgios. Depuis, cette inscription a été plusieurs fois rééditée et corrigée, jusqu'à sa dernière publication dans les années 90, dans le Supplementum Epigraphicum Graecum.

A ma grande surprise, l'inscription de 23 lignes en 1891 s'est réduite à une seule malheureuse ligne ! Mais où a disparu le reste de l'inscription au cours du siècle ?

Je me suis alors souvenue avoir vu des photos d'après-guerre montrant l'Eglise Hagios Georgios détruite sur un blog grec consacré à la ville d'Ypati (par ici).

 

La ville a, en effet, souffert de l'occupation de l'Axe pendant la seconde guerre mondiale : des habitants ont d'abord été tués en représailles du sabotage du viaduc de la rivière Gorgopotamos, le 25 novembre 1942 (opération « Harling »).

 

Le viaduc de la rivière Gorgopotamos aujourd'hui (photo : wikipédia)
Le viaduc de la rivière Gorgopotamos aujourd'hui (photo : wikipédia)

Mais le pire était encore à venir. Le 17 juin 1944, les Allemands ont encerclé la ville, à la recherche des partisans de l'EAM-ELAS (résistance grecque), basés dans la région. 28 personnes ont été exécutées, 30 autres blessées, et la ville incendiée (375 des 400 bâtiments de la ville).

 

Un mémorial, dans le centre-ville, commémore l'événement, et Ypati a été déclarée "ville martyre" par l'État grec (d'après le site de la municipalité de Lamia).

 

Mémorial d'Ypati "ville martyre" (photo personnelle)
Mémorial d'Ypati "ville martyre" (photo personnelle)

L’Église Hagios Georgios n'a pas échappé à la destruction. La photo suivante a été prise après les événement de 1944. Du bâtiment ne subsiste qu'un escalier et le clocher.

 

(Photo : blog sur Ypati cité plus haut)
(Photo : blog sur Ypati cité plus haut)

Sur la photo suivante, on voit que la population d'Ypati a, malgré tout, continuer d'utiliser l'espace pour organiser les liturgies.

 

(Photo : blog sur Ypati cité plus haut)
(Photo : blog sur Ypati cité plus haut)

Et en 1954, l'église fonctionne toujours sans être restaurée !

Ci-dessous le clocher d'Hagios Georgios en 1957.

 

(Photo : blog sur Ypati cité plus haut)
(Photo : blog sur Ypati cité plus haut)

La reconstruction de l’Église a commencé en 1959. Sur la photo suivante, nous voyons les travaux de restauration du côté sud, où se trouvait à l'origine la pierre que nous cherchons.

 

(Photo : blog sur Ypati cité plus haut)
(Photo : blog sur Ypati cité plus haut)

La pierre, dont il ne reste vraisemblablement qu'un fragment, n'a pas dû être réutilisée. L'a t-on placée dans un musée ? En tout cas, elle existait encore dans les années 90 ... du moins ce qu'il en reste !

 

Un ouvrage, que je n'ai pas pu me procurer au Japon, pourrait peut-être nous renseigner :

La Thessalie. Quinze années de recherches archéologiques 1975-1990. Bilans et perspectives. Lyon 1990, TAPA, Athènes (1994), 2 vol.

Un certain Kontogiannis aurait traité de cette inscription aux pages 241-243.

 

Si vous y avez accès, n'hésitez pas à me faire part de leur contenu !