Les bains d'Hypata : "balnea" et "lavacrum" dans les Métamorphoses d'Apulée

Ci-dessus, les bains de Varka, localité située entre Ypati et  Loutra Ypatis. Lors des fouilles qui se sont échelonnées entre 1968 et 1973, on a découvert les vestiges de ces bains transformés ensuite en basilique chrétienne. Ses mosaïques sont conservées au musée byzantin de Ftiotida à Ypati.

 

Est-ce parce que j'habite maintenant un pays où l'on est si friand de bains et de sources chaudes ? Ou bien serait-ce la lecture du manga de Mari Yamazaki, Romae Thermae ? Toujours est-il que l'omniprésence des bains dans les Métamorphoses d'Apulée m'ont frappé lors de ma relecture du roman sur le sol japonais.

 

Tout comme dans la version grecque de L’Âne, attribuée à Lucien, Apulée situe le début des Métamorphoses à Hypata, ville de Thessalie, à une époque où les romains ont fait de la Grèce une province romaine. Apulée décrit la ville et insiste plusieurs fois sur son importance dans la région. Nous n'avons aucune preuve que cet auteur latin du IIe siècle, né dans la province d'Afrique, ait vu de ses yeux Hypata. On suppose, d'après les éléments biographiques contenus dans les Florides, qu'Apulée a séjourné en Grèce, à Athènes. Dès lors, il ne serait pas invraisemblable qu'il ait voyagé vers l'ouest, à Delphes, sanctuaire redevenu alors à la mode, puis en Thessalie, région dont les sources épigraphiques témoignent d'une intense activité intellectuelle et artistique à l'époque. Rappelons cependant, que le projet de l'auteur n'est pas celui d'un historien ou d'un géographe, et que ce qu'il décrit d'Hypata reste au service de l'aventure qui s'y déroule.

 

Dans les Métamorphoses, les bains constituent un élément essentiel des décors urbains du roman.  Le marché, le théâtre, les bains, les fêtes, tout contribue à créer le mouvement et le charme de la ville (Nicole Fick, Ville et campagne dans les Métamorphoses d'Apulée). Aller aux bains est aussi un prétexte au déroulement de l'intrigue, car il permet des rencontres fortuites. Le bain donne enfin du réalisme aux personnages, nous les rendant plus familiers.

 

Commençons par rappeler les moments où apparaissent les bains. Aristomène, en route pour les bains d'Hypata, rencontre son ancien ami Socrate, bien misérable [1,5,5]. Il l'y conduit pour le décrasser et le délasser [1, 7, 2]. A son arrivée à Hypata, le héros du roman, Lucius commence lui aussi par s'y rendre [1,24,2], sur l'invitation de son hôte Milon [1,23,8]. En chemin, il tente d'acheter des poissons au marché, immédiatement piétiné par son zélé camarade [1,25,6]. Avant sa première nuit d'amour avec Photis, il passe la fin de la journée au bain [2, 11, 4]. Après la fête du rire et le faux procès de Lucius, Milon conduit ce dernier encore sous le choc au bain le plus proche [3, 12, 5]. Plus tard dans le récit, Pamphilé, au sortir du bain, aperçoit l'homme qu'elle convoite chez le barbier et ordonne à sa servante de voler ses cheveux pour l’envoûter [3,16,3]. Au cours d'une discussion sur la magie, Photis évoque le pouvoir des plantes avec la recette du bain à l'aneth et au laurier [3, 23, 8]. Les brigands, qui ont cambriolé la maison de Milon et emmené Lucius métamorphosé en âne, se livrent à un cérémonial du bain, qui mêle à la fois barbarie et raffinement [4, 7, 4 ; 4, 8, 3]. Pour eux, voler dans les bains est un acte lâche et une injure [4,8,9]. Dans le palais de Cupidon, Psyché s'adonne avec volupté aux plaisirs du bain [5, 2, 3 ; 5, 3, 1 ; 5, 8, 1], et s'en prive dans sa tristesse [5, 5, 6], tout comme la jeune Charité à la mort de Tlépomène [8, 7, 6]. Lucius-âne fait un premier pas vers l'humanité entre les mains d'une matrone amoureuse qui lui promet de le baigner et de le toiletter [6, 28, 5]. Dans un village de montagne, les prêtres de Cybèle, nouveaux maîtres de l'âne, vont eux aussi aux bains avant le souper [8,29,2]. Chez le meunier qui l'a acheté, Lucius entend l'histoire d'un mari jaloux qui interdisait à sa femme de sortir si ce n'est pour le bain, sous la haute surveillance de son esclave [9, 17, 5]. Les bains apparaissent, dans la même histoire, comme un lieu propice aux larcins [9,21,6]. A la mort du meunier, on procède à l'ultime toilette de son corps [9, 30, 7]. Lorsque les deux frères cuisiniers, nouveaux propriétaires de Lucius, se rendent aux bains, l'âne en profite pour s'empiffrer des restes [10,13,7 ; 10,15,5]. S'étant enfuit à Cenchrées, Lucius adresse une prière désespérée à la lune après s'être baigné dans la mer, plongeant sept fois sa tête sous l'eau [11, 1, 4]. Redevenu humain, il reçoit une initiation aux mystères isiaques, qui comprend un passage par les bains, sous la conduite du prêtre, pour une ablution purificatrice [11,23,1].

 

Dans les Métamorphoses, on relève douze fois le terme balnea et seize fois lauacrum. P. Valette, le traducteur de l'édition des Belles Lettres, utilise indifféremment « bain », au singulier ou au pluriel, pour traduire les deux termes. Nous verrons cependant qu'ils ont une signification différente.

 

Dans le De architectura, Vitruve classe les bains,  balnea, parmi les lieux concernant les commodités, dans la catégorie des édifices publics, au chapitre de la construction des bâtiments.

 

[1, 3] Opportunitatis communium locorum ad usum publicum dispositio, uti portus, fora, porticus, balnea, theatra, inambulationes, ceteraque quae iisdem rationibus in publicis designantur locis.

Ceux qui concernent la commodité sont les lieux consacrés à l'usage du peuple, comme les ports, les places publiques, les portiques, les bains, les théâtres, les promenoirs, tous les lieux, en un mot, qui ont cette destination.

 

Il évoque également son sens privé, comme pièce de la maison.

 

[6, 5] Namque ex his quae propria sunt, in ea non est potestas omnibus intro eundi nisi inuitatis, quemadmodum sunt cubicula, triclinia, balneae ceteraque, quae easdem habent usus rationes.

Ce n'est, en effet, que sur une invitation qu'on peut entrer dans les appartements particuliers, tels que chambres à coucher, salles à manger, bains et autres pièces également consacrées à des usages particuliers.

 

Enfin, balnea peut se référer à un bassin à l'intérieur d'un édifice (qu'il soit public ou privé).

 

[8, 7] Ita in medio ponentur fistulae in omnes lacus et salientes; ex altero in balneas uectigal quotannis populo praestent.

Ainsi, de ce réservoir du milieu, partiront les tuyaux qui enverront l'eau clans tous les lavoirs et dans les fontaines jaillissantes.

 

Remarquons que pas une seule fois, Vitruve n'utilise le terme lavacrum, ce qui l’exclurait donc du lexique architectural.

 

Dans les Métamorphoses, balnea apparaît toujours au pluriel au sens de bains publics. Aller aux bains précède le souper ; on y va dissiper sa fatigue de la journée.

 

[1,5,5] Ergo igitur inefficaci celeritate fatigatus commodum uespera oriente ad balneas processeram.

La nuit commençait à tomber, et las de m'être tant pressé pour rien, je me rendis aux bains publics.

 

[1,23,8] hospitem meum produc ad proximas balneas; satis arduo itinere atque prolixo fatigatus est.

Puis conduis-le au bain le plus proche. Il a fait un voyage pénible et de longue haleine : il doit être fatigué.

 

Creusé d'amoralité, le vol y est chose commune.

 

[9,21,6] "At te", inquit, "nequissimum et periurum caput, dominus iste tuus et cuncta caeli numina, quae deierando temere deuorasti, pessimum pessime perduint, qui de balneis soleas hesterna die mihi furatus es."

Ah! drôle, disait-il, ah! gibier de potence ! Puisse ton maître que voilà, puissent tous les dieux que tu as outragés par tes parjures, te traiter comme tu le mérites, pour m'avoir hier volé mes sandales au bain !

 

Lavacrum apparaît dans les Métamorphoses au singulier (sauf une occurrence sur laquelle je m'attarde plus loin). Lavacrum semble plutôt désigner l'action de se laver, de faire sa toilette, alors que balneae correspond aux bains en tant que bâtiment publique d'une ville.

 

[1, 7, 2] ilico lauacro trado, quod unctui, quod tersui, ipse praeministro

L'ayant conduit immédiatement au bain, je m'occupe moi-même de lui, l'oint et le frictionne

 

[5, 3, 1] prius somno et mox lauacro fatigationem sui diluit

D'abord avec un somme et bientôt avec un bain, elle dissipe sa fatigue

 

Au livre IV, les brigands font leurs ablutions à grande eau, dans une parodie de raffinement.

 

[4, 8, 3] Hi simili lauacro refoti inter toros sociorum sese reponunt tunc sorte ducti ministerium faciunt

La cérémonie du bain se répète, et les nouveaux venus prennent place à côté de leurs camarades. Le service est fait par ceux que le sort désigne.

 

[4, 7, 4] ex more calida tumultuario lauacro uestro praeparata

Comme d'habitude, j'ai préparé l'eau chaude pour votre bain hâtif

 

On voit que les brigands utilise de l'eau chaude, ce qui était considéré comme un signe de mollesse par les romains conservateurs. Là encore, Apulée s'amuse avec ce décalage humoristique : le brigand sauvage qui se plonge avec délice dans un bain chaud !

 

Le bain lavacrum est d'ailleurs l'une des sources de plaisir terrestre que propose le palais de Cupidon dans le conte de Psyché ...

 

[5, 8, 1] lauacroque pulcherrimo et inhumanae mensae lautitiis eas opipare reficit

Un bain somptueux leur est offert, puis un banquet qui passe en délices tout ce dont l'humaine sensualité peut se faire idée.

 

… dont la jeune fille se prive dans sa tristesse.

 

[5, 5, 6] Nec lauacro nec cibo nec ulla denique refectione recreata flens ubertim decessit ad somnum.

Ne prenant ni bain, ni nourriture, ni aucune distraction, en pleurs elle sombre dans le sommeil

 

L'attitude de Psyché trouve son écho dans celle de Chariclée, désespérée par la mort de son fiancé.

 

[8, 7, 6] lauacro, cibo denique confoueret.

Elle consent à se laisser mettre au bain, puis à prendre quelque nourriture.

 

Lavacrum désigne donc le bain, à la fois comme plaisir raffiné et comme acte quotidien. Preuve d'humanité, c'est la première étape qui conduit Lucius à retrouver sa forme humaine.

 

[6, 28, 5] caudaeque setas incuria lauacri congestas et horridas ampla diligentia perpolibo.

Et les soies de ta queue emmêlées et hirsutes par négligence du bain, je vais les lustrer avec grand soin.

 

Mais, c'est une forme encore assez vulgaire d'ablution et il faudra attendre le livre XI pour que Lucius se purifie par deux bains sacrés, avant et après qu'il a retrouvé sa forme humaine.

 

[11, 1, 4] meque protinus purificandi studio marino lauacro trado septiesque summerso fluctibus capite, quod eum numerum praecipue religionibus aptissiulum diuinus ille Pythagoras prodidit

Pour me purifier je commence par me baigner dans la mer, en plongeant la tête sept fois sous les flots, nombre auquel le divin Pythagore attribue un rapport mystique avec les actes du culte religieux.

 

[11, 23, 1] ad proximas balneas et prius sueto lauacro traditum, praefatus deum ueniam, purissime circumrorans abluit

Il me conduit au bain le plus proche. Quand je m'y fus plongé selon l'usage, après avoir appelé sur moi la miséricorde divine, il me purifia par une complète ablution

 

A mon avis, toutes les occurences de lavacrum annonce cette signification plus mystique du terme. Remarquons d'ailleurs que lavacrum avait été utilisé au livre IV, pour désigner la toilette mortuaire.

 

[9, 30, 7] detractumque summis plangoribus summisque lamentationibus atque ultimo lauacro procurant

Ils éclatent en sanglots et en lamentations, le détachent, ôtent la corde qui lui serrait le cou, et lavent le cadavre.

 

Tout comme lors des rites funéraires, le bain purificateur lavacrum permet donc d'accéder à un état supérieur de l'être.

 

Lavacrum prendra par ailleurs le sens religieux de baptême dans les textes chrétiens, en parallèle de baptismus (ou baptismum).

Ainsi, Tertullien dans Du voile des vierges, réaffirme t-il l'unité de l’Église, alors divisée sur la question du port du voile :

 

[2, 3] Una nobis et illis fides, unus deus, idem Christus, eadem spes, eadem lauacri sacramenta, semel dixerim, una ecclesia sumus.

Entre eux et nous, même foi, même Dieu, même Christ, même espérance, mêmes sacrements du baptême. En un mot, nous sommes une même Église.

 

Lavacrum, le baptême, constitue l'un des fondements de l’Église.

De même, Saint Augustin au livre XIII de la Cité de Dieu :

 

[13,7] Nam quicumque etiam non percepto regenerationis lauacro pro Christi confessione moriuntur, tantum eis ualet ad dimittenda peccata, quantum si abluerentur sacro fonte baptismatis.

Quiconque, en effet, même sans avoir été plongé au bain de la régénération, meurt pour confesser le Christ, cette mort ne contribue pas moins à la rémission de ses péchés, que s'il eût été lavé à la source sacrée du baptême.

 

Sans aller voir une allusion au christianisme dans le texte d'Apulée, lavacrum porte bien le sens religieux de bain purificateur, étape indispensable dans les rites initiatiques des religions à mystères.

 

Dans le texte d'Apulée, je préconiserais donc de traduire balneae par le pluriel bains ou bains publics, et lavacrum par bain (au singulier) ou toilette, ou encore ablution dans un contexte plus mystique.

 

J'ai jusque-là laissé de côté une occurrence de lavacrum, qui me semble mériter une attention particulière. Au livre II des Métamorphoses, Lucius est invité chez Byrrhène qui lui fait l'éloge de sa ville, Hypata.

 

[2, 19, 5] Quod sciam, templis et lauacris et ceteris operibus longe cunctas ciuitates antecellimus.

 

P. Valette traduit ainsi le passage :

 

A ma connaissance, pour les temples, les bains et les autres édifices publics, nous sommes bien supérieurs à n'importe quelle cité.

 

Mis sur le même niveau que templis, Byrrhène semble ici parler des bains en tant que bâtiment public. Pourquoi alors avoir choisi lavacris, qui désigne dans le reste du roman l'action de se laver, plutôt que balneis ? Remarquons également l'usage du pluriel alors que le terme apparaît au singulier partout ailleurs dans le texte.

 

En cherchant les occurrences du terme au pluriel, j'ai noté chez plusieurs auteurs postérieurs à Apulée, que lavacra désignait parfois les sources chaudes, qui jaillissent naturellement du sol et donnent à une ville un attrait touristique. Il s'agit alors d'un synonyme de thermae – mot qui n'apparaît d'ailleurs jamais dans les Métamorphoses d'Apulée.

 

Au livre XVIII de son Histoire de Rome, Ammien Marcellin, écrit :

 

[18, 9] spiranti zephyro contrauersa Gumathenam contingit regionem uberem et cultu iuxta fecundam, in qua uicus est Abarne nomine sospitalium aquarum lauacris calentibus notus.

Du côté de l'ouest, elle touche à la Gumathène, contrée d'une fertilité que seconde une bonne culture, et où se trouve le village d'Abarne, renommé par ses eaux thermales.

 

De même, Jornandès dans L'Histoire des Goths, montre que les Goths après avoir pris la Trace, profitèrent des sources thermales d'Anchiale.

 

[20] Ibi enim multis feruntur mansisse diebus, aquarum calidarum delectati lauacris, quae ad quintodecimo miliario Anchialitanae ciuitatis sunt sitae, ab imo sui fontis igni scaturrientes, et inter reliqua totius mundi thermarum innumerabilium loca omnino precipue ad sanitatem infirmorum efficacissima.

On rapporte qu'ils y restèrent plusieurs jours, se délectant à prendre des bains d'eaux chaudes qui sortent de leur source de feu à quinze milles de cette ville, et, de toutes les eaux thermales sans nombre qui sont dans le monde, les plus efficaces pour rendre la santé aux malades.

 

Rutilius Namatianus , dans Mon retour, récit de voyage de Rome à la Gaule, évoque les thermes taurins, vestiges d'un ensemble thermal de l'Empire romain, non loin de la ville de Civitavecchia dans la région du Latium, en ces termes :

 

[255] Credere si dignum famae, flagrantia taurus inuestigato fonte lauacra dedit

S'il faut en croire la tradition, c'est un taureau qui a découvert cette fontaine et donné aux hommes ces bains d'eaux chaudes

 

Lavacra, pluriel de lavacrum, était donc un terme employé pour désigner des sources chaudes naturelles, par opposition aux bains publics où l'eau est chauffée artificiellement.

 

Ne serait-ce pas dans ce sens qu'il faudrait comprendre lavacris tel qu'il apparaît au livre II des Métamorphoses ? On pourrait alors proposer la traduction suivante :

 

Nous l'emportons de loin sur toutes les autres cités en matière de temples, de thermalisme et de bien d'autres choses encore !

 

Il existe, en effet, des sources thermales à Loutra Ypatis, non loin de l'ancienne Hypata, qui constitue, avec la randonnée dans le massif du Mont Oeta, une attraction touristique de la région.

On dit que les eaux d'Hypata ont jailli en 427 avant J.C., à la suite d'un fort tremblement de terre, connu par Strabon. À l’intérieur du cratère de la source, des gradins ont été trouvés, indiquant qu’il y avait une échelle pour que les baigneurs puissent descendre. Dans l'un d'eux, le nom de la déesse Aphrodite gravé. Les bains étaient dédiés à la déesse de l'amour et de la beauté. Des dalles de marbre ont également été retrouvées, dont l'une portait l'inscription Λήθην τ’όπισθεν ος ίθι ελεύσεται, « celui qui vient ici oublie tout » (https://www.loutraypatis.gr/gr/history.asp)

Cette source serait par ailleurs évoquée dans une inscription sous le nom de Dyrcynna. Sa réputation dans le monde romain aurait-elle pu en faire un des trait caractéristique de la petite ville de Grèce centrale ? Hypata, sa magie et ses sources chaudes !

 

Affiche datant de 1938
Affiche datant de 1938
Le thermalisme aujourd'hui à Loutra Ypatis
Le thermalisme aujourd'hui à Loutra Ypatis
Cratère où jaillissent les eaux de Loutra Ypatis
Cratère où jaillissent les eaux de Loutra Ypatis